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En quête

  • vinotfrancois
  • 22 juin
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 juil.


Bordeaux - fête de la musique - 21 juin 2025
Bordeaux - fête de la musique - 21 juin 2025

L’émission télé « C à vous » reçoit à table la chanteuse pop punk de Superbus, une quarantenaire fière qui a eu sa période de gloire il y a 20 ans et qui sort un nouvel album, l’occasion de lui demander d’où vient ce nom. Du latin. Moi qui y voyais un hommage aux transports en commun… Personne ne lui demande la traduction, tout l’auditoire a dû faire latin première langue, et l’on passe sans transition à ce qu’il y a dans l’assiette.

Je ferme la télé.

Je lis que superbus (orgueilleux, fier) était le cognomen (surnom pour les Romains de l’antiquité) du dernier roi de Rome, dont le règne est quand même reconnu comme une tyrannie. Bon, si on est punk…  

 

Je m’absorbe dans mes photos prises hier à Londres lors de mes déambulations dans Chelsea, Kensington et Notting Hill. 23,8 km à pieds selon mon iPhone, avec quand même deux pauses.

 

La première à la galerie Michael Hoppen sur Portland road pour voir quelques magnifiques tirages vintage des années 70 et 80 de Bill Brandt et John Davies entre autres, de la société britannique et de son paysage industriel.  Le tour de la galerie est vite fait, une vingtaine de tirages, et le galeriste peu disert. Il m’accompagnera cependant devant quelques tirages quand, après le déjeuner, je passerai à nouveau à la galerie mémoriser le nom des photographes John Bulmer et Sirkka-Liisa Konttinen que je venais de découvrir ici, et demander les prix : entre 2000 et 7000£.

 

Ma deuxième halte sera pour déjeuner chez Julie’s, un restaurant français tout proche de la galerie, je suis le premier à m’installer sur la terrasse. Le décor me plait, chic, calme, serviette blanche dans son rond en argent, verre côtelé pour le vin du jour, un rouge servi chilly. Nous sommes à l’écart de Portobello et ici seuls des habitués se sont donnés rendez-vous pour déjeuner au calme. A la table d’à coté un vieux monsieur, visiblement connu de la patronne, s’installe pressé, exigeant mais souriant et aimable,  réclame une bouteille d’eau, et ajoute finalement « from the tap », avec un sourire signifiant, lequel sourire lui est rendu avec le même sourire et un « of course ». Il réclame des glaçons et du citron, servis rapidement et élégamment. Il préfère un menu 2 courses for 30 £ plutôt que 3 pour 35 £, et choisit soupe d’asperges et fromage, préfère comté et gorgonzola, après avoir écarté le saint-nectaire dont il s’était enquis du type. Il me semble qu’une mini compote de pomme accompagne ses fromages.

Plus tard, en regardant mon addition, je découvrirai que le couvert était en sus et qu’on m’avait imposé un pourboire de 14,5% qui n’avait rien, malgré l’indication, de discretionary. Les français seraient-ils perçus comme radins ? Sans doute. Et pas habitués aux pourboires. Celui là était pourtant mérité. En avait-on imposé un à mon voisin de table ? Qu'avait-il donné ?

 

Je poursuis ma déambulation commencée à 8h ce matin. Une fille en jaune mimosa m’attire l’œil et lui souffle un « you look nice » qui n’est sans doute pas le plus joli compliment ever mais dont elle me remercie néanmoins d’un « thank you »  avec un sourire. Plus loin une femme lève la tête de son téléphone au moment même ou je la photographie. Deux fois. Sur la seconde image on la voit rire avec étonnement de mon geste. Mais je préfère la première, celle de la surprise. Dans ces quartiers résidentiels ultra chics je croise d’autres femmes, chien en laisse ou de retour de leur jogging, des chauffeurs qui somnolent en étouffant dans des Bentley, clim coupée pour respecter les panneaux No engine idling, ou des collégiens au sortir de l’école.  

 


Londres - Notting Hill - 18 juin 2025
Londres - Notting Hill - 18 juin 2025

Londres - Chelsea - 18 juin 2025
Londres - Chelsea - 18 juin 2025

Londres - Notting Hill - 18 juin 2025
Londres - Notting Hill - 18 juin 2025

De retour à Bordeaux quelques notes de la fête de la musique me tirent hors de chez moi. Il me semble que deux jeunes filles marchent à ma hauteur depuis quelques trop longues fractions de secondes. Je tourne la tête d’un quart de tour sur un éventail bleu céruléen et deux grands yeux. L’appareil fait la photo et laisse le photographe étonné du réflexe. Puis les deux jeunes filles me doublent et s’estompent.

Je poursuis le cours de l’intendance jusqu’au grand théâtre où un groupe de rock s’aide d’un tube de BB Brune de 2008. J’aime ça. Je prends quelques images à nouveau, tiens donc, une fille avec un tee-shirt au drapeau britannique. Plus loin un groupe massacre Help des Beatles ce qui a pourtant le mérite de faire danser le clochard du coin de la rue Vital Carles.

 


Bordeaux - fête de la musique - 21 juin 2025
Bordeaux - fête de la musique - 21 juin 2025

Bordeaux - fête de la musique - 21 juin 2025
Bordeaux - fête de la musique - 21 juin 2025

Je rentre tôt, plus très sûr de savoir quelle est ma quête.

Je me couche avec le très touchant « De loin on dirait une île » d’Eric Holder : « je m’efforce de donner corps à des êtres que j’aimerais connaître, les « passants », ceux que, dans l’existence, nous croisons sans réduire l’allure, alors que nous leur soupçonnons des vertus. Écrire, qui rembourse d’aller vite, permet d’effectuer un bout de chemin ensemble. »

Je m’endors rassuré, avec un début de réponse.

 
 
 

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